Heureusement qu'il y a aussi sur ce forum quelques membres appréciant l'hétéro, ça me permet d'en écrire un peu... Cette songfic était destinée à CptHarknessJones, l'an dernier..
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Le cœur volcan
Elle était partie… Elle était partie en le haïssant.
Aurait-il un jour la chance de lui dire tout ce qu’il ressentait pour elle ? Aurait-il seulement la chance de la revoir un jour ? Parviendrait-elle à lui laisser l’opportunité de s’expliquer ? Devrait-il toujours porter le poids de la culpabilité et du regret ?
Comme un volcan devenu vieux
Mon coeur bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux
Coule dans mes veines malades
Tony passa une main lasse sur son front. Tout était si difficile depuis que Ziva avait rejoint son pays après lui avoir lancé ces mots de haine qui résonnaient encore à ses oreilles et lui broyaient le cœur à chaque fois.
Si seulement il avait été capable avant de lui dire ce qu’elle représentait à ses yeux. S’il avait su trouver les mots pour qu’elle sache combien elle comptait pour lui !
Je pense si souvent à toi
Que ma raison en chavire
Comme feraient des barques bleues
Et même les plus grands navires
Trop immature, trop lâche sans doute, il n’avait rien dit des mots qui lui brûlaient les lèvres, se contentant de ces liens amicaux qui s’exprimaient dans leurs discussions animés, leurs traits d’humours, leurs querelles pour rire…
Il aurait sans doute fallu si peu : un mot, un geste, un simple sourire peut-être… Juste une preuve qu’elle comptait pour lui plus qu’il ne le montrait, plus qu’il ne l’avouerait.
J'ai la raison arraisonnée
Dans un port désert
Dérisoire toute ma vie s'est arrêtée
Comme s'arrêterait l'histoire
Ce mot, ce geste, il n’avait pas su, pas voulu les faire. Qui aurait pensé que lui, l’Italien conquérant, le bourreau des cœurs, le collectionneur de conquête il avait peur d’un petit bout de femme d’un mètre soixante cinq aux yeux aussi noirs que ses cheveux, capable de vous renverser d’une pichenette malgré sa fragilité apparente ? Qui aurait pu soupçonner qu’il puisse regarder sa partenaire autrement que comme l’équipière chargée de protéger ses arrières, ce qu’elle faisait d’ailleurs parfaitement ?
Et pourtant… pourtant au fil des jours, des mois, il avait compris qu’elle avait une place à part dans sa vie, une place importante.
J'ai la raison arraisonnée
Dans un port désert
Dérisoire toute ma vie s'est arrêtée
Comme s'arrêterait l'histoire
Seulement il n’avait rien dit, rien fait, rien laissé paraître. La peur de s’engager sans doute, celle aussi de risquer d’altérer une belle amitié. Passer de l’amour à l’amitié est plus facile que de l’amitié à l’amour. Lorsqu’on se connaît déjà si bien qu’on pense n’avoir plus rien à découvrir de l’autre, comment arriver à le surprendre jour après jour, comment arriver à ces mille petits riens inattendus qui font tout le plaisir de la découverte ?
Alors ils avaient vécu en parallèle, chacun avec leurs petits amis de passage, qui, pour sa part, ne pouvaient bien sûr pas être sérieuses puisque, même s’il ne se l’avouait pas encore, son cœur était déjà pris.
Comme une légende qui s'éteint
Comme un grand peuple en décadence
Comme une chanson qui se meurt
Comme la fin de l'espérance
Puis il y avait eu Michael et toute cette joie, tout ce bonheur qu’il avait lu dans les yeux de l’Israélienne. C’est à ce moment-là sans doute que tout était devenu clair pour lui : la jalousie avait décillé ses yeux, l’avait obligé à regarder la vérité en face.
Mais elle semblait si bien avec son compagnon qu’il n’avait pas pu s’interposer entre eux. Il avait sans doute été détestable, encore plus incisif qu’à l’ordinaire, ça avait été sa manière à lui de manifester sa désapprobation, mais il n’avait rien pu faire de plus. Et de toute façon, Ziva n’était pas de celles que l’on manœuvre à sa guise.
Ce qu’il avait pu souffrir à ce moment-là lui avait fait comprendre qu’il était amoureux d’elle et que nulle autre ne pourrait jamais avoir en son cœur la place qu’elle y occupait.
Mon coeur volcan devenu vieux
Bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux
Coule dans mes veines malades
Il l’aimait assez pour s’effacer, la laisser être heureuse avec un autre. Il n’était pas égoïste et surtout, il avait eu sa chance, durant un long moment. Il n’aurait pas été juste de se déclarer au moment où enfin son amie semblait heureuse et apaisée. Si c’était trop tard pour lui, il était encore temps pour elle.
Alors il s’était tu, se contentant de la regarder vivre et s’épanouir loin de lui.
Comme une armée de vaincus
L'ensemble sombre de mes gestes
Fait un vaisseau du temps perdu
Dans la mer morte qui me reste
Puis était venu l’évidence : Michael était un traître et de ce fait Ziva était en danger. Il se souvenait encore de la vague de joie qui l’avait soulevé en découvrant la véritable personnalité de l’agent israélien : Ziva ne pourrait pas rester avec lui ! Ziva ne pourrait pas l’aimer encore lorsqu’elle saurait…
Et puis cette satisfaction avait fait place à l’inquiétude : comment allait-elle accuser le coup, elle qui avait déjà tellement souffert, elle qui, à son âge jeune encore, en avait déjà tellement vu, tellement fait ?
Puis il y avait eu cette fusillade…
Et maintenant…
Mon coeur volcan devenu vieux
Bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux
Coule dans mes veines malades
Ils étaient allés la rechercher, l’arracher à ses bourreaux. Il avait payé de sa personne pour lui rendre sa liberté et la ramener parmi eux.
Mais elle restait froide, insensible : il n’était même plus son ami. A ses yeux il restait celui qui avait tué l’homme qu’elle aimait. Et quels que soient les mots qu’il puisse lui dire, il y aurait toujours entre eux le corps de Michael.
Pourtant il l’aimait, il l’aimait à en crever !
Comme une armée de vaincus
L'ensemble sombre de mes gestes
Fait un vaisseau du temps perdu
Dans la mer morte qui me reste
D’abord il n’avait pas compris, puis il avait nié ses sentiments, puis il n’était plus temps.
Maintenant il n’avait plus rien. Les semaines passaient et Ziva le tenait toujours à distance : elle était redevenue elle-même avec Abby, McGee ou Gibbs, mais lui restait l’ennemi, l’homme qui lui avait enlevé sa chance de bonheur.
Peut-être devait-il songer à partir, la laisser oublier… Mais elle n’oublierait jamais et il le savait. Elle n’oublierait jamais et sa chance ne reviendrait plus.
Mon coeur volcan devenu vieux
Bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux
Coule dans mes veines malades
- Tony ?
Il sursauta puis se tourna vers la femme qui venait d’entrer et comme chaque fois qu’il la voyait, son cœur fit un saut dans sa poitrine.
- Ziva ? Tu me cherchais ?
Si Gibbs avait été là, nul doute qu’il lui aurait envoyé une bonne claque derrière la tête pour lui apprendre à énoncer ainsi des évidences. D’ailleurs le sourire un peu narquois de son équipière lui fit prendre conscience de l’absurdité de sa réplique. Puis très vite elle reprit son sérieux et déclara :
- Oui je te cherchais, il faut qu’on parle.
- De quoi ? s’enquit-il, sur la défensive.
- De toi, de moi, de nous…
- Nous ? Depuis quand y a-t-il un nous ? articula-t-il d’une voix blanche.
- Depuis toujours peut-être, et tu le sais, et je le sais… Et c’est ce qui fait qu’il nous est tellement facile de nous faire si mal !
Il ne lisait plus de colère dans les yeux sombres, plus de haine, plus de reproches : il n’y avait plus qu’une lueur qu’il n’osait interpréter de peur de se faire mal à l’espoir.
- Tony… Si je t’en ai tellement voulu…
- Tu avais raison Ziva, j’aurais dû trouver le moyen de…
- Il n’y avait pas d’autres moyens, nous le savons tous les deux. Michael était trop bien entraîné : c’était forcément lui ou toi.
- Mais tu aurais préféré que ce soit moi.
Ce n’était pas un reproche, juste une constatation. Alors elle s’approcha de lui, à le toucher :
- Non, justement ! Si j’ai été tellement en colère après toi, si je t’ai dit toutes ces horreurs c’est parce que je savais déjà à l’époque que je préférais que ce soit lui et je me sentais tellement déloyale pour cela. En fait j’étais surtout en colère après moi et c’est toi qui en as fait les frais.
- Je ne comprends pas, balbutia-t-il, craignant encore de mal comprendre.
- Alors je vais te l’expliquer autrement, murmura-t-elle dans un sourire.
Elle fit encore un pas et elle passa ses bras autour de son cou, l’obligeant à s’incliner vers elle. Puis elle posa ses lèvres sur les siennes et lui offrit sa bouche. Il hésita une fraction de seconde puis l’enlaça tandis qu’il intensifiait le baiser.
Bien sûr ils avaient encore bien des choses à se dire, à s’expliquer, à se pardonner peut-être, mais à cet instant précis, Tony comprit qu’il avait une dernière chance et il se jura que celle-ci, il ne la laisserait pas passer.
FIN
Chanson de Julien Clerc