Reclassement d'une fic offerte l'an passé à MRJ!!
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
D’amour ou d’amitié
C’est drôle comme les choses changent pensait Ziva en étudiant silencieusement le profil de son coéquipier tandis qu’ils roulaient tranquillement vers son domicile. Le destin était parfois comme un cheval fou qui n’en fait qu’à sa tête et va à son rythme, jusque parfois à en mourir si personne ne l’arrête.
Mourrait-elle de ce sentiment qui s’était levé en elle insidieusement ?
Pourtant, Dieu sait combien elle l’avait détesté lorsqu’elle avait fait sa connaissance ! Il était tout ce qu’elle haïssait chez les hommes : beau parleur, moqueur, coureur de jupon, sûr de lui, inconséquent, volontiers persifleur, d’une ironie mordance et apparemment misogyne. Bref un condensé du mâle ne pensant que par son bas ventre et fier de lui et de son physique.
Puis elle s’était aperçu que tout cela n’était qu’une façade derrière laquelle se cachait un homme bien plus sensible qu’elle ne l’aurait cru et un grand professionnel qu’elle avait appris à admirer avec le temps. Leurs relations s’étaient normalisées et il était devenu son partenaire, puis son ami.
Oui, désormais Tony était son ami. Qui l’aurait jamais cru ?
Il pense à moi, je le vois, je le sens, je le sais
Et son sourire ne ment pas quand il vient me chercher
Il aime bien me parler des choses qu'il a vues
Du chemin qu'il a fait et de tous ses projets
Oh bien sûr il y avait eu des crises entre eux, des quiproquos, des querelles, des non dits… Elle lui en avait tellement voulu de la mort de Michael, l’homme qu’elle avait aimé, ou cru aimer peut-être s’apercevait-elle avec le recul. Mais c’était lui qui était venu la chercher, la sortir de son enfer, au prix de son propre bien-être. Et même si sur le moment elle n’avait pas su dire merci, c’était le premier pas vers le pardon, vers la compréhension.
Lorsqu’elle était revenue, elle avait retrouvé le Tony d’avant, mais désormais elle savait que sous ses airs moqueurs et dilettantes il y avait quelqu’un sur qui elle pouvait compter. Et petit à petit ses sentiments pour lui avaient évolué vers quelque chose de plus tendre, de plus doux.
Mais elle n’était pas de celles qui se dévoilent en premier, même si cela la rongeait de ne pas savoir ce que lui pensait vraiment.
Je crois pourtant qu'il est seul et qu'il voit d'autres filles
Je ne sais pas ce qu'elles veulent ni les phrases qu'il dit
Je ne sais pas où je suis, quelque part dans sa vie
Si je compte aujourd'hui plus qu'une autre pour lui.
Pourquoi fallait-il que ce soit lui que le destin mette sur sa route, lui qui était si difficile à cerner, tellement compliqué à saisir ? Vu de l’extérieur Tony DiNozzo n’était rien d’autre qu’un bellâtre à la cervelle de moineau qui prenait plaisir à se moquer des autres pour masquer sa propre incompétence. Mais il ne fallait pas longtemps pour qu’on comprenne qu’il était un flic redoutable et un homme bien. Pour le reste… Il ne laissait pas beaucoup de gens voir ce qu’il était vraiment, cette sensibilité, ce besoin d’être aimé, cette peur de décevoir…
Elle était sans doute l’une des seules à savoir vraiment ce qu’il y avait dans sa tête. Elle aurait tant aimé savoir aussi ce qu’il y avait dans son cœur.
Il est si près de moi pourtant je ne sais pas comment l'aimer
Lui seul peut décider qu'on se parle d'amour ou d'amitié
Moi je l'aime et je peux lui offrir ma vie
Même s'il ne veut pas de ma vie
Parfois elle se disait qu’elle était folle, idiote, insensée de s’être attachée à cet homme-là de cette façon-là. Comment pourrait-il un jour la regarder comme il avait regardé Jeanne ? Comment pourrait-il aimer une femme qu’il avait vu tuer sans hésiter, qui était capable de flanquer une raclée à un docker avec une main attachée dans le dos, qui était aussi féminine qu’un déménageur ?
Pourtant elle avait l’impression quelquefois de saisir dans son regard une étincelle fugace, une tendresse volatile, un petit quelque chose qui entretenait l’espoir. Il lui semblait, tandis qu’il faisait un pas vers elle, qu’il allait lui dire ces choses dont elle rêvait la nuit. Mais toujours un petit sourire finissait par fleurir sur ses lèvres et l’instant s’envolait, la magie se dissipait et elle se retrouvait dans sa réalité, cette réalité où ils étaient bons amis.
Je rêve de ses bras oui mais je ne sais pas comment l'aimer
Il a l'air d'hésiter entre une histoire d'amour ou d'amitié
Et je suis comme une île en plein océan
On dirait que mon coeur est trop grand
Finalement, peut-être était-ce tout ce qu’ils étaient destinés à être : des partenaires, des coéquipiers, de bons amis.
C’est important un ami : c’est à lui qu’on vient confier ses états d’âme, lui qui nous console de nos échecs, qui nous rassure lorsqu’on a peur, qui nous encourage à aller de l’avant, qui est là lorsqu’un amour s’achève et nous laisse le cœur en miette. Peut-être qu’il fallait qu’elle se contente de cela.
Peut-être qu’il fallait qu’elle trouve enfin le courage de lui parler, de dire les mots qui lui brûlaient les lèvres, de franchir enfin cette étape. Peut-être qu’il fallait qu’elle l’oblige à la regarder comme une femme, une femme désirable, une femme qu’il pourrait aimer.
Chaque matin elle se levait en pensant : « Aujourd’hui je lui parle. » et chaque soir elle rentrait chez elle avec une bonne excuse pour n’avoir rien dit : trop de boulot, mauvaise humeur, enquête difficile… tellement, tellement d’obstacles sur leur route. Et tellement longues les nuits d’insomnie à penser à lui.
Rien à lui dire, il sait bien que j'ai tout à donner
Rien qu'un sourire à l'attendre à vouloir le gagner
Mais qu'elles sont tristes les nuits
Le temps me paraît long et je n'ai pas appris
À me passer de lui
- Ziva, tout va bien ?
- Humm… Oui… Je pensais…
Il lui jeta un regard mi-amusé, mi-inquiet et de nouveau elle vit luire au fond des prunelles cette lueur qui faisait battre son cœur plus vite.
Peut-être que c’était le moment, peut-être qu’il fallait qu’elle profite de l’intimité de cette voiture, de son inquiétude encore palpable tandis qu’il la raccompagnait chez elle après cette blessure légère à l’épaule reçue quelques heures plus tôt lors de l’interpellation d’un criminel.
Elle se souvenait de son visage blafard lorsqu’il s’était penché sur elle, du cri qu’il avait poussé quand elle était tombée, de sa douceur lorsqu’il l’avait aidée à se relever et du soulagement sur son visage lorsqu’elle l’avait rassuré : ce n’était rien, juste une égratignure, un pansement et on n’en parlerait plus.
Bien évidemment Gibbs ne l’avait pas entendu de cette oreille et il lui avait ordonné de suivre les ambulanciers, intimant à Tony d’avoir à la tenir à l’œil et à la raccompagner chez elle. Elle avait croisé le regard bleu acier de son supérieur, avait cru y déceler comme un encouragement et elle s’était demandé ce qu’il savait, ce qu’il avait deviné.
Peut-être était-ce le moment… Peut-être.
Il est si près de moi pourtant je ne sais pas comment l'aimer
Lui seul peut décider qu'on se parle d'amour ou d'amitié
Moi je l'aime et je peux lui offrir ma vie
Même s'il ne veut pas de ma vie
- Tu es sûre que tu vas bien ?
La voix inquiète de Tony l’arracha de nouveau à ses pensées.
- Bien sûr. Pourquoi, je n’en ai pas l’air ?
- Tu es tellement calme. Et puis on est arrivés devant chez toi et tu ne semblais même pas t’en apercevoir.
Elle sursauta : effectivement, elle ne s’était pas rendue compte que la voiture venait de s’arrêter en bas de son immeuble.
- Oh… Bon… Ben… J’y vais alors…
Le bon moment… Trouver le bon moment…
- OK. Je passe te prendre demain.
- Je peux conduire !
- Je sais, mais le boss m’a demandé de veiller à ce que tu fasses attention à ton bras.
- Oh… C’est juste pour Gibbs.
Il y eut de nouveau cette lueur dans son regard et il sembla sur le point de dire quelque chose mais, comme finalement il ne répliqua pas, elle ouvrit la portière en disant :
-A demain alors.
C’est à ce moment-là qu’il lui saisit le poignet, la ramenant à l’intérieur : heureusement que c’était le bras droit qui avait morflé pensa-t-elle aussitôt avant de se retrouver prisonnière contre le torse de Tony qui, d’une voix oppressée lui dit :
- Ne me refais plus jamais une peur pareille Ziva David sinon…
- Sinon quoi ? murmura-t-elle le nez contre sa poitrine, se sentant soudain à sa place.
- Sinon je te tue !
- Conclusion ô combien logique cher partenaire, commença-t-elle en riant et en relevant la tête vers lui.
Mais son rire se figea dans sa gorge à la vue de l’expression sur son visage et de tout ce qu’elle lisait dans les yeux verts.
- Ziva…
- Tony…
Le bon moment… Pas ici… Pas dans cette voiture, alors qu’elle sentait la sueur, la poussière, le sang, l’antiseptique…
Et pourtant….
Pourtant un baiser leur dit tout ce qu’ils avaient à savoir, tous ces mots qu’ils n’avaient jamais osé se dire, toutes ses promesses qu’ils n’avaient pas osé se faire, tous ses engagements qu’ils n’avaient pas osé prendre, un baiser qui était un pardon pour le passé et une promesse pour l’avenir.
FIN
Chanson de Céline Dion