[Band of Brothers] - Nuit et brouillard - No Pairing - G

Ecrite en 2010 pour l'anniversaire de Schyzz, une songfic un peu différente...

Préambule:
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sontla propriété exclusive de : Steven Spielberg, Tom Hanks et StephenAmbrose. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cettefiction.

Personnage :Jack Foley

Genre : P.O.V. - Songfic

Résumé : Jack Foley se souvient de leur découverte des camps d'extermination.



Je me souviens encore de ce jour-là comme si c’était hier. Nous étions arrivés dans ce petit village perdu dans l’Allemagne profonde. Quelques uns d’entre nous avaient formé une patrouille et nous nous étions aventurés un peu au nord.

Et derrière le rideau d’arbres…


Y a-t-il des mots pour parler de l’innommable ? Y a-t-il des mots pour décrire ce qu’on a vu ?

Des grillages, des barbelés, des baraques…

Ce camp qui se dressait à quelques centaines de mètres du village, nous nous en sommes approchés, sans comprendre…

Un camp de prisonnier ici ?


Et puis devant nous s’est dressé un homme… Un homme ? Un squelette, hâve, décharné, le regard halluciné…

Puis il en est venu un autre, et un autre encore… Et bientôt ils furent des dizaines qui tendaient vers nous leurs mains osseuses.

Où étions-nous tombés ?


Aujourd’hui encore je sens les odeurs, j’entends les voix suppliantes, je revois ces hommes condamnés à une mort certaine, abandonnés par leurs bourreaux.

Nous leur apportions l’espoir… nous leur apportions la vie…

Et tant sont morts devant nous, sans que nous puissions rien faire…

A notre tour nous sommes devenus geôliers… le temps de sauver ceux qui pouvaient l’être…

Comment a-t-on trouvé le courage de leur refuser la liberté ce jour-là, à cet instant-là ?


Aujourd’hui encore je me demande comment l’homme peut se conduire ainsi. Comment l’humanité peut survivre à un tel déferlement de haine, de sadisme, de violence.

Quels étaient leurs crimes ? Une religion, un mode de vie, une origine…

Comment peut-on dormir en sachant que, quelque part, des hommes, des femmes, des enfants meurent d’être simplement ce qu’ils sont ?

Comment une partie de l’humanité peut-elle en condamner une autre sur de simples préjugés ?


Les années ont passé.

Aujourd’hui je suis trop vieux pour bien des choses, mais pas pour la mémoire, mais pas pour la révolte.

Aujourd’hui encore en moi montent la même colère, la même indignation, la même horreur que ce jour-là, à cet instant-là, lorsque nous avons perdu une partie de notre foi en l’homme.

Et si j’écris à ce jour c’est parce que je ne veux pas qu’on oublie…


Il y a des voix qui se lèvent pour dénoncer cette vérité…

Qui peut s’arroger le droit de réécrire l’histoire ?

Ce jour-là, à cet instant-là, nous ne pensions pas qu’il pourrait y avoir pire…

Et pourtant…

Tous ceux-là qui prétendent que ce que j’ai vu ce jour-là, à cet instant-là, n’a pas existé, tous ceux-là sont peut-être pires encore que les bourreaux d’alors. Parce qu’en niant une réalité, ils permettent aux portes de l’histoire de se refermer, ils permettent qu’un jour puisse se reproduire la même chose…


Alors j’ai parlé… J’ai parlé au nom de ces milliers d’hommes, au nom de ces amis qui étaient là, ce jour-là, à cet instant-là et qui sont tombés peu après, ceux qui ont disparu depuis…

Je ne parle plus guère aujourd’hui… saleté de crabe qui m’a dévoré une partie de la gorge !

Mais je peux écrire…

Il y a une semaine mon petit fils, Jack Junior, m’a offert ce carnet en me disant d’y écrire mes mémoires. Ce gamin ! Lorsque je le regarde je me revois à son âge…

A cette époque où j’étais le lieutenant Jack Foley, où je combattais parmi mes frères pour un monde que je voulais meilleur.

Et ce jour-là, à cet instant-là, nous avons su exactement pour quoi nous combattions : pour que la barbarie ne revienne plus jamais.

Alors je veux écrire ces lignes pour que, lorsque nous serons tous partis, d’autres puissent à leur tour porter le message.


Vous étiez-là, ce jour-là, à cet instant-là…

Quelque part au détour d’un petit bois… dans l’indifférence des villageois qui vivaient à quelque centaines de mètres…

Vous étiez-là, troupeau lamentable et pourtant si admirable… Parce que vous étiez des survivants… parce qu’on ne vous avait pas brisés…

Vous étiez-là et nous étions en face de vous, ce jour-là, à cet instant-là…
Cet instant où j’ai compris que l’homme est capable du meilleur, mais aussi, et surtout, du pire.


Je ne l'ai pas spécifié, je pense que tout le monde sait que cette sublime chanson est de Jean Ferrat.

Magnifique !
Je n'ouvrirais pas une énorme parenthèse sur la magnifique série de Band of Brothers mais l'épisode 9 fût celui qui me toucha énormément le plus et toi, en tant qu'auteur, je trouve que tu as su parfaitement retranscrire la guerre elle-même, l'enfer des camps de concentration, en t'inspirant d'une série, à travers les yeux d'un homme
Bravo !

magnifique dame cissy !!!

Merci à tous les deux d'avoir commenté cette songfic passée totalement aperçue ici...