Songfic destinée à DSandrine
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Comment lui dire
Encore une réception, encore une nouvelle alliance, encore tellement de monde dans la grande salle d’Atlantis et tous ces gens qui sourient, qui se congratulent, qui font assaut d’amabilité.
Mais parmi tous ceux-là, pour lui il n’y a qu’un être qui compte.
Au beau milieu de la foule
D'un dimanche après-midi
Au beau milieu de la foule
Je le reconnais c'est lui.
Quelqu’un l’appelle et lui parle. Il ne sait pas vraiment de quoi il s’agit. Il se contente de sourire, d’opiner de la tête, ailleurs, focalisé sur celui qui hante ses rêves depuis si longtemps maintenant.
Aimer au milieu des étoiles ? Aimer quand le danger vous guette jour après jour, à chaque seconde ? Aimer quand il y a une loi imbécile qui vous l’interdit ? Aimer à sens unique quand vous ne savez pas ce que l’autre pense ?
Au beau milieu de la foule
De ces gens qui me sourient
Parmi tous mes ennemis
Je le reconnais c'est lui.
Pourquoi fallait-il que, parmi tous les membres d’Atlantis, son cœur vacille pour celui-là ? Pourquoi fallait-il qu’après toutes ses années à se cacher la vérité, à se mentir à lui-même, il laisse tomber l’armure pour ce sourire, pour ce regard ?
Il lui avait fallu bien plus de courage pour oser enfin s’avouer ce qu’il ressentait que pour affronter tous les Wraiths de la galaxie. Mais il n’avait pas encore trouvé celui d’affronter l’objet de son amour, de lui avouer ses sentiments.
Comment lui dire, comment lui dire ?
Comment lui faire comprendre d'un sourire ?
Comment lui dire, comment lui dire ?
Un soupir lui échappa tandis qu’il portait la flûte de champagne à sa bouche. Lorsqu’il le voyait, ainsi, entouré des hauts gradés Terriens et des dignitaires de ce peuple qui venait signer une alliance avec eux, il sentait son cœur battre plus fort, plus vite. Il aurait aimé s’approcher de lui, poser une main sur son bras, lui sourire avec détachement, avoir l’attitude qu’on attendait de lui, mais il n’y arrivait pas.
Il y arrivait de moins en moins…
Au beau milieu de la foule
Du dimanche après-midi
Je me sens nerveux pas cool
Je le reconnais, c'est lui.
Il avait peur, s’il s’approchait, qu’on lise en lui comme un livre ouvert. Il s’étonnait parfois que les autres n’aient toujours pas deviné : à croire qu’il cachait mieux ses sentiments qu’il ne le pensait. Pourtant, il lui semblait, lorsqu’il approchait son amour, que tout son être s’enflammait, que les mots lui échappaient, que ses gestes se faisaient maladroits faute de ne pas pouvoir se faire tendre…
Mais visiblement les mots qu’il prononçait suffisaient, les mouvements qu’il ébauchait convainquaient, les sourires qu’il s’arrachait contentaient ses partenaires. Combien de fois avait-il retenu les mots qui lui venaient aux lèvres ? Combien de fois s’était-il obligé à rire quand il avait le cœur meurtri de voir son amour au bras d’une autre ? Combien de fois avait-il réussi à remettre ce masque qui le brûlait jour après jour ?
Et aujourd’hui encore, il se contentait d’un signe de tête, répondait à des paroles qu’il n’entendait pas vraiment, souriait, de ce sourire figé qui était devenu une seconde peau mais son regard revenait sans cesse sur le même point, son point d’ancrage, son point de naufrage.
Au beau milieu de la foule
Des étrangers de ma vie
Je voudrais qu'il ait compris
Qu'il m'emmène loin d'ici.
Il aurait tant aimé simplement fendre la foule, l’enlacer et déposer un baiser fougueux sur les lèvres tentantes avant de glisser son bras sous le sien et de l’entraîner avec lui dans un endroit désert de la grande cité, un endroit où ils ne seraient que tous les deux, où il pourrait enfin lui dire les mots qui lui brûlaient les lèvres, unir sa bouche à la sienne et faire vibrer son corps avec le sien !
Un ricanement douloureux lui échappa : rêveur ! Stupide rêveur ! Quand bien même il oserait défier ainsi et l’assemblée et la loi de non fraternisation, nul doute que son initiative lui vaudrait un beau direct de celui qui hantait ses pensées et qui n’avait jamais semblé le moins du monde attiré par les hommes !
Comment lui dire, comment lui dire ?
Comment lui faire comprendre d'un sourire ?
Comment lui dire, comment lui dire ?
Il devait pourtant bien y avoir un moyen de tenter sa chance, de lui faire comprendre son tourment. Mais était-il prêt à mettre en péril leur amitié ? Qu’en serait-il s’il était rejeté, impitoyablement, si désormais un fossé se creusait entre eux ?
Depuis si longtemps ils comptaient l’un sur l’autre, s’épaulaient, s’entraidaient, venaient au secours de celui qui était en difficulté, au péril de leur propre vie s’il le fallait ! Oserait-il jamais rompre cet équilibre, risquer de devoir quitter la cité, d’être renvoyé sur Terre honteusement ?
Valait-il mieux souffrir auprès de lui que dépérir loin de lui ?
S'il peut m'attendre, s'il peut m'apprendre,
S'il peut m'atteindre qu'il vienne à moi.
S'il peut comprendre, s'il peut m'entendre
Et me rejoindre qu'il vienne à moi,
Qu'il vienne à moi.
La réception s’éternisait et la migraine commençait à le tarauder. Pas une fois l’homme de ses pensées n’avait daigné s’apercevoir de sa présence. A un moment il avait réussi à capter son regard, mais l’autre s’était détourné après un rapide sourire qui ne voulait rien dire, dont il n’était même pas sûr que c’était à lui qu’il était destiné.
Le héros du jour ! Celui grâce à qui une nouvelle alliance était signée, une alliance qui allait permettre à la Cité d’avoir plus de réserves, plus de sécurité ! Alors oui, il devait tenir son rôle, mais pour autant, devait-il ainsi l’ignorer ?
Ou bien était-ce sa manière de lui faire comprendre qu’il l’avait percé à jour et qu’il devait bannir tout espoir d’un quelconque lien entre eux, autre que cette amitié solide qui les unissait depuis si longtemps maintenant.
Ils étaient plus de mille et il n’en voyait qu’un.
Au beau milieu de la foule
Du dimanche après-midi
Au beau milieu de la foule
Qu'il m'emporte loin d'ici.
Il posa son verre sur le plateau et s’excusa de quelques mots plats auprès de la jeune femme qui lui parlait depuis de longues minutes sans qu’il sache vraiment ce qu’elle lui racontait.
Il étouffait dans cette salle, parmi les rires, les tintements de verres, les discours plus ou moins grandiloquents, plus ou moins obséquieux.
Qu’avait-il cru lorsqu’il avait accepté de venir ? Que c’était le moment d’une déclaration ? Que voulait-il en venant ici sinon se faire du mal en constatant, une fois de plus, combien il pouvait être invisible dans l’immensité de la foule pour celui qui, pour sa part, l’attirait comme un aimant.
Il sortit comme on s’enfuit, erra un peu dans les couloirs avant de se retrouver sur un balcon, regardant l’immensité de cet océan qui les entourait, cet océan où il aurait aimé se noyer tant, à cet instant, il se sentait misérable.
Comment lui dire, comment lui dire ?
Comment lui faire comprendre d'un sourire ?
Comment lui dire ?
Comment, comment,
Comment lui faire comprendre d'un sourire ?
Comment lui dire, comment lui dire ?
Comment lui faire comprendre d'un sourire ?
- Alors… On fuit la foule !
Il sursauta et se retourna, le cœur battant à la vue de celui qui venait de l’apostropher et le regardait maintenant avec un sourire, un sourire…
- Il faisait trop chaud, balbutia-t-il se refusant à analyser ce sourire, ce regard, juste conscient de son cœur qui battait la chamade.
- Je t’ai cherché…
- Pourtant tu ne semblais pas t’apercevoir que j’étais là ! ne put-il s’empêcher de dire, regrettant immédiatement le ton accusateur de sa voix.
Mais l’autre ne fit qu’en rire, s’approchant de lui avec sur le visage une expression qu’il ne lui avait jamais vue.
- Je sais toujours quand tu es là, toujours !
- Tu devrais y retourner, tu es le héros de la soirée après tout, réussit-il à articuler, malgré sa bouche sèche.
- Non, j’ai dit à Elisabeth que j’avais fait assez de mondanités pour ce soir et pour les jours à venir ! Maintenant j’ai juste besoin de calme auprès de l’homme que j’aime.
- Pardon ? s’étrangla-t-il avant de se mettre à trembler tandis que l’autre le prenait dans ses bras.
- Il y a trop longtemps que je cherche comment te le dire, alors ce soir j’ai décidé de me lancer, et tant pis si tu me rejettes, mais au moins je serai fixé ! Je t’aime Evan Lorne ! Je t’aime comme un fou et je n’en peux plus de devoir le cacher !
Un rire douloureux et ravi échappa au major tandis qu’il se fondait dans les bras de son supérieur ! C’était donc si simple que cela ? Si simple ?
Ce ne serait certes pas simple, mais pour l’instant présent rien ne lui faisait peur : il était dans les bras de l’homme qu’il aimait et goutait enfin sa bouche tandis que leurs corps s’étreignaient. Il était à sa place, tout simplement.
FIN
Chanson de Michel Berger