Je me décide à faire les reclassements de mes fics anniversaires: voici celle de Mumu71
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Stéphane Giusti, Alain Robillard & Alain Tasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Yann/Kevin
Genre : Romance – Songfic
Résumé : Juste l’amour, avec ses hauts et ses bas.
Les amants de cœur
- Kevin, baisse-toi !
Le cri fit réagir le jeune basque qui s’aplatit au sol tandis que la balle qui lui était destinée passait à quelques centimètres au-dessus de lui. En réponse, il entendit trois coups de feu et le bruit d’un corps qui tombe. Et puis, avant qu’il n’ait le temps de se relever, il se sentit bousculé, malmené, et se retrouva enserré dans une étreinte impitoyable qui l’empêchait de respirer.
- Kevin… Oh mon Dieu ! Kevin… Tu vas bien ? Tu n’as rien ? Réponds-moi… Kevin…
Il lui fallut un instant pour réaliser qu’il était dans les bras de Yann et que c’était celui-ci qui le tenait ainsi contre lui, terrifié à l’idée qu’il aurait pu le perdre s’il avait été ne serait-ce qu’une fraction de seconde plus lent…
- Et si tu le laissais respirer, commenta une voix au-dessus d’eux. Peut-être qu’il pourrait te répondre.
L’étreinte se relâcha aussitôt et Kevin put reprendre son souffle. Puis, au moment où il ouvrait la bouche pour rassurer son compagnon, celui-ci fondit sur ses lèvres, sans plus de commentaires et tout fut dit tandis que leurs collègues, un peu gênés, un peu attendris, un peu agacés pour certains, se détournaient pour leur laisser un semblant d’intimité. Mais de toute façon, ils s’en fichaient.
A ce moment précis, ils n’étaient plus le capitaine Berthier et le lieutenant Laporte, mais Yann et Kevin, amoureux comme jamais.
Ils s'aiment s'aiment en riant
Ils s'aiment s'aiment pour toujours
Ils s'aiment tout au long du jour
Ils s'aiment s'aiment s'aiment tant
Qu'on dirait des anges d'amour
Des anges fous se protégeant
Quand se retrouvent en courant
Les amants
Les amants de cœur
Les amants
Yann le buvait des yeux, encore mal remis de sa frayeur. Il s’en était fallu de si peu pour qu’il perde son ange, sa raison de vivre…
Kevin était presque gêné de ce regard brûlant où le moins psychologue des individus aurait pu lire comme dans un livre, et à la fois il était tellement ému de tout ce que les yeux verts lui racontaient. Qui aurait dit qu’un jour le capitaine Berthier oserait ainsi afficher ses sentiments ?
Et le soir, dans l’intimité de leur appartement, il avait dû rassurer son compagnon, lui dire et lui redire qu’il était là, qu’il n’avait pas une égratignure, qu’il n’avait pas l’intention de laisser un quelconque malfrat les séparer.
Et la nuit, au creux de leur lit, il lui avait prouvé combien il était vivant, combien il l’aimait, combien sa vie sans lui serait vide et sans but.
A ce moment-là, Yann et Kevin ne faisaient qu’un.
Ils s'aiment s'aiment à la folie
S'effeuillant à l'ombre des feux
Se découvrant comme deux fruits
Puis se trouvant n'être plus deux
Se dénouant comme velours
Se reprenant au petit jour
Et s'endormant les plus heureux
Les amants
Les amants de cœur
Les amants
Deux jours… Deux jours et c’était lui qui était là, devant cette porte fermée…
Deux jours et le sort s’était renversé…
Deux jours et le pire était arrivé.
- T’inquiète… C’est un dur à cuire… Il va s’en sortir…
Une main sur son épaule, et cette voix qui lui parlait.
Mais tout ce qu’il entendait dans sa tête c’était cette affreuse culpabilité qui lui soufflait que le sort se vengeait : deux jours avant ç’aurait dû être lui… Deux jours avant, s’il était tombé, la mort ne serait pas venue chercher son compagnon…
- Putain Kevin, arrête ton délire ! En plus Yann n’est pas mort !
Cette fois-ci, la voix d’Alex l’arracha à son marasme et il releva son visage qu’il avait enfoui dans ses mains.
- Il n’est pas mort ?
Comment aurait-il pu le croire, il y avait tant de sang ! Et les lèvres de son amour qui bleuissaient, ce voile soudain sur les prunelles, ses paupières qui se fermaient tandis que ses lèvres murmuraient un dernier « Je t’aime »… Après… après il n’y avait rien que le néant dans sa tête et cette idée fixe que Yann payait pour sa sauvegarde.
- Il n’est pas mort et il ne mourra pas…
Ce médecin qu’il n’avait jamais vu, qu’il n’avait même pas entendu venir, qui se tenait à la porte, las mais souriant, Kevin aurait voulu l’embrasser, l’enlacer, l’entraîner dans une danse sans fin… Au lieu de cela il l’écouta le rassurer, lui dire que Yann irait bien…
Il faudrait du temps bien sûr, mais il irait bien…
Il irait bien…
C’est ce qu’il se répétait au chevet de son amour, si frêle, si pâle, s’efforçant de se convaincre que le médecin ne lui avait pas menti.
Et puis les paupières frémirent et se soulevèrent et il su…
A ce moment béni, Yann et Kevin comprirent que l’amour c’était aussi l’angoisse.
Ils s'aiment s'aiment en tremblant
Le cœur mouillé le cœur battant
Chaque seconde est une peur
Qui croque le cœur entre ses dents
Ils savent trop de rendez-vous
Où ne vinrent que des facteurs
Pour n'avoir pas peur du loup
Les amants
Les amants de cœur
Les amants
L’habitude…
Depuis quand s’était-elle installée entre eux ?
Depuis quand avait-elle tissé ce voile épais fait de silence, de malentendus, de frustration ?
Où avaient-ils perdu le contrôle de leur vie, de leur couple ?
Où s’étaient-ils trompés ?
Petit à petit ils s’étaient habitués : la même routine, soir après soir, les mêmes gestes, matin après matin… L’un faisait le ménage, la cuisine, l’autre s’occupait du ravitaillement, des factures à payer…
Le travail, les amis, les loisirs… Un lent grignotage de tous ces moments où ils auraient pu se réinventer…
Même faire l’amour était devenu presque programmé, sagement dans le grand lit, quand il n’y avait pas d’intervention, de réunion, de stage, de conférence prévue le lendemain… quand ils savaient que même fatigués ils ne courraient aucun risque… Et petit à petit s’unir avait même cessé de les fatiguer.
Alors il y avait eu ces hommes, ces hommes d’un soir, ces hommes d’une heure, qui leur redonnait envie, qui les faisaient se sentir à nouveau beaux, jeunes, désirés et désirables… Yann puis Kevin avaient succombé à la tentation. Et l’heure des comptes avait sonné, cette heure où ils devaient décider.
A ce moment maudit, Yann et Kevin réalisèrent que l’amour s’entretient.
Ils s'aiment s'aiment en pleurant
Chaque jour un peu moins amants
Quand ils ont bu tout leur mystère
Deviennent comme sœur et frère
Brûlent leurs ailes d'inquiétude
Redeviennent deux habitudes
Alors changent de partenaire
Les amants
Les amants de cœur
Les amants
Une chance…
D’un commun accord ils avaient décidé de s’accorder une chance. Parce qu’au fond d’eux, ils sentaient cette étincelle, toujours si vive, et qu’il leur semblait qu’elle serait si facile à ranimer.
Une chance…
Une chance qu’ils avaient saisi à bras le corps, comme si leur vie en dépendait, peut-être parce que justement elle en dépendait : non pas leur vie physique, mais leur vie intérieure, celle qui vous tient debout, qui vous oblige à vous lever matin après matin, même quand vous savez d’avance que votre journée sera pourrie, celle qui vous oblige à sourire, à parler, quand tout ce que vous voulez c’est vous enfouir au plus profond de votre lit et oublier le monde.
Ils avaient redécouvert que cette force qui les poussait en avant elle s’appelait Yann pour Kevin et elle s’appelait Kevin pour Yann.
Ils avaient envoyé voler les habitudes pour se surprendre, se réapprendre…
Les sourires s’étaient épanouis, les fous-rires étaient revenus, et les cœurs s’étaient remis à battre à l’unisson…
Aujourd’hui, les yeux dans les yeux, les mains enlacés, ils s’engageaient devant leurs familles et leurs amis.
A ce moment inoubliable, Yann et Kevin savait que leur amour était plus fort que l’adversité.
Qui s'aiment s'aiment en riant
Qui s'aiment s'aiment pour toujours
Qui s'aiment tout au long du jour
Qui s'aiment s'aiment s'aiment tant
Qu'on dirait des anges d'amour
Des anges fous se protégeant
Quand ils se retrouvent en courant
Les amants
Les amants de cœur
Les amants
Ils étaient blottis, l’un contre l’autre, juste se caressant du bout des doigts, simplement pour être ensemble, pour se sentir entier comme ils n’étaient que lorsqu’ils se tenaient ainsi, enlacés, oublieux du monde, de leur métier, de tout ce qui n’était pas juste eux.
Ils avaient compris que la vie leur avait fait le plus beau des cadeaux mais que c’était à eux d’en prendre soin, de le nourrir, de l’enrichir jour après jour par des petits rien : un geste, un mot, un regard… toutes ces choses qu’on finit par oublier lorsque la vie nous prend dans son maelström.
Mais ils n’oublieraient plus.
A ce moment magique, Yann et Kevin se jurèrent que leur amour serait éternel.
FIN
Chanson de Jacques Brel